Rien de tel qu’un relevé bancaire pour déclencher les plus grandes illusions astrales. Tu ouvres l’appli, tu scrolles, tu grimaces. Puis tu te dis : « C’est pas si grave. » Et là, ton signe entre en scène.
Je l’ai vu chez plusieurs personnes de ce signe : les Balances rationalisent leurs achats en bougies comme des investissements bien-être, les Gémeaux sont déjà passés à autre chose avant même d’avoir fini de lire la ligne de débit. Et moi ? Je suis Vierge, donc j’essaie de classer les dépenses par catégorie… avant de refermer l’appli, submergée. Très méthodique, très inutile.
➡️ Bélier : « C’est bon, je vais tout rembourser ce mois-ci. »
Elle ne regarde pas les dates, ni les montants. Elle a foi en l’avenir. Elle croit à un remboursement spontané de l’univers. Elle a déjà oublié le panier Zalando. Et elle pense que c’est de la volonté, pas du déni.
➡️ Taureau : « C’était un achat plaisir. Et je le mérite. »
Elle ne nie pas. Elle justifie. Le plaid, la crème, le coussin chauffant : c’était vital. Elle se dit que la stabilité intérieure vaut bien un petit découvert. Elle boit un thé pour se calmer. Un thé très cher.
➡️ Gémeaux : « C’est bizarre, j’ai aucun souvenir de ce paiement. »
Elle lit la ligne trois fois. Elle doute. Elle en parle à quelqu’un. Puis elle rit. Puis elle pense à autre chose. Elle referme. Elle rouvre. Elle clique sur l’onglet “offres de prêt”. Pour voir.
➡️ Cancer : « C’est sûrement un bug. »
Elle veut y croire. Ce -379,90 € ? Inexplicable. Elle cherche une preuve d’erreur. Elle fait une capture d’écran pour “en parler plus tard”. Puis elle se fait un gâteau. Pour oublier.
➡️ Lion : « C’était une dépense stratégique. »
Elle a acheté une veste sublime. Une robe événement. Un sac iconique. Ce n’était pas pour elle : c’était pour l’image. Elle se dit qu’il faut investir pour rayonner. Et elle garde la posture. Même dans le rouge.
➡️ Vierge : « Je vais tout noter dans mon tableau. Demain. »
Elle commence à tout catégoriser. Elle crée des onglets. Elle colore les cellules. Elle met des alertes. Puis elle soupire. Elle se sert un café. Elle oublie. Jusqu’au prochain choc. (Spoiler : il arrive vite.)
➡️ Balance : « Ce n’est pas un excès. C’est une quête d’harmonie. »
Elle lit “bougie artisanale”, “soin énergétique”, “livraison sushi”. Elle se dit que c’était pour équilibrer ses émotions. Elle revoit la déco. Elle se convainc. Elle regarde le solde. Elle respire. Doucement.
➡️ Scorpion : « Quelqu’un me teste. Je vais trouver qui. »
Elle prend chaque ligne comme une provocation. Elle scanne le relevé avec intensité. Elle cherche une fuite. Une faille. Une trahison. Et si c’est bien elle… elle nie. Puis elle se venge sur une autre dépense.
➡️ Sagittaire : « Bon, au moins j’ai des souvenirs. »
Elle voit les billets, les restos, les sorties. Elle sourit. Elle soupire. Elle se dit que l’argent revient, mais pas le temps. Et elle regarde les voyages Ryanair pour le mois suivant. Par curiosité. Je suis sortie avec un homme Sagittaire une fois : il a vidé son compte pour une virée improvisée à Barcelone. Il est revenu sans argent. Ni t-shirt sec.
➡️ Capricorne : « Ce n’est pas une erreur. C’est un investissement. »
Elle rationalise. Même le pire achat a une utilité. Même l’inutile peut servir un jour. Elle se sent mal, mais elle dresse un plan de reprise. Elle passe deux heures à recalculer un budget. Et elle tient. Deux jours.
➡️ Verseau : « J’ai sûrement fait ça pour expérimenter un truc. »
Elle ne se rappelle pas. Mais elle se dit que c’était sûrement une impulsion créative. Elle regarde son panier Etsy. Elle parle de capitalisme intérieur. Elle ferme l’appli. Et elle fait un virement vers son compte “intuitif”.
➡️ Poissons : « J’ai l’impression que ce n’est pas moi. »
Elle regarde les chiffres. Puis floute son regard. Puis re-regarde. Elle se dit qu’elle était dans un état second. Elle appelle une amie pour en parler. Et elle finit par commander un livre sur la gestion émotionnelle de l’argent. Oui, encore.
Face à un relevé bancaire, on n’est jamais totalement rationnelle. Chaque signe invente sa petite histoire pour survivre à l’affront numérique. L’essentiel ? C’est d’y croire. Juste assez pour continuer.